Le Pérou à vélo: Prise de conscience de l’immensité des Andes

JAEN-POMABAMBA: 24/06/15 au 17/07/15

Cet article est écrit depuis 2 semaines, mais impossible de le publier dans ces montagnes…

Hola gringos*!

Après 3 semaines de poussière, voila enfin la suite de nos aventures… Retour à Jaen pour une 2ème nuit, mais cette fois-ci chez Miguel, propriétaire du magasin « El Ciclista ». Pendant que Bastien répare le frein hydraulique d’un client, Alexine part en scooter (rassurez-vous, c’est Mavel, la soeur de Miguel qui conduit!) acheter Tamales (farine de maïs bouillie dans ses feuilles) et pain pour le repas du soir en famille. Une dernière photo et nous voila repartis parmi les 11 000 moto-taxis de la ville, même pas peur!

Tienda de bici

Tienda de bici « El ciclista »

Entre cyclo-voyageurs

25 Juin, 18h, deuxième crevaison depuis le début du voyage, Bastien colle en vitesse une rustine avant la tombée de la nuit. Entre 2 coups de pompe, il aperçoit au loin un vélo avec sacoches, puis 2… 4 au total! En vadrouille depuis 9 mois, la famille suisso-portugaise voyage avec Sinaï et Yacha, leurs 2 enfants de 9 et 11 ans (http://pedalardevagar.com/fr/) Nous échangeons sur nos diverses expériences du voyage le temps d’une soirée, avant de s’endormir avec une pastèque en guise d’oreiller et le passage des camions à 1 mètre en guise de ventilateur. Après le petit-déjeuner (tamales/cafécito) offert par le propriétaire du stand de pastèques, on se prépare pour la photo-finish. Voila Pablo et Laura qui arrivent au loin avec leurs vélos et qui s’invitent pour prendre la pause. Ils nous accompagneront d’ailleurs toute la matinée…

Pablo, Laura et la famille Fonseca

Pablo, Laura et la famille Fonseca

26 Juin, 18h, pas de crevaison, cette fois-ci c’est Alex, un français qui arrive tout droit de la Patagonie à vélo (https://www.crazyguyonabike.com/doc/atouracrosssouthamerica) Nous refaisons le monde (ou plutôt l’Amérique Latine!) autour dune bière et d’un bon repas. D’ailleurs, on s’attendait bien à croiser Alex dans les prochains jours, car maintenant on commence à entendre parler de tous ceux qui arpentent les mêmes routes que nous, qui nous précèdent ou nous suivent… Et on peut vous dire qu’il y en a un bon nombre (et bizarrement beaucoup de Français…)!

Vallée Pré-Incas: les Chachapoyas

Petite route sinueuse mais magnifique le long de la rivière, surplombée par la 3ème plus grande chute d’eau du monde (Catarata Gocta) mais surtout par de nombreux sites Incas dont Kuélap. Nous comptons d’ailleurs nous y rendre à pied, au départ de Tingo Viejo où nous nous faisons héberger gratuitement dans le jardin de l’hôtel pendant 2 jours (merci Alex pour le bon plan!).

Kuélap, village pré-Incas, fortifié par un mur de plus de 20 mètres de haut, constitué de 400 maisons rondes, le tout à 3000 mètres d’altitude. Un bel avant-goût du Machu Picchu! Nous décidons d’en apprendre un peu plus avec la visite du musée Incas de Leymebamba et ses 200 momies. A la sortie, nous nous faisons doubler par un camping-car Canadien, les feux stop s’allument, nous échangeons le temps d’une soirée…

Kuélap

Kuélap

De belles rencontres

A Cajamarca, nous découvrons des produits laitiers artisanaux: manjar (crème de lait), fromage (rien à voir avec celui de nos montagnes françaises…). Nous décidons de nous économiser pour la suite qui s’annonce difficile, ce qui nous laisse le temps de faire d’autres jolies rencontres…

– Un almuerzo qui se termine par une nuit dans un récréo campestre

– Un « Hola Gringos » qui se poursuit par un repas local

– Une pause à l’ombre qui se continue par un reportage-photo sur plus de 20km

– Un ravitaillement en chocolat qui se finit par une DOUCHE CHAUDE sur la place du village (environ 200 litres d’eau chaude et 20 personnes qui nous regardent, tout ça rien que pour nous!)

Abel et ses frères et soeurs

Abel et ses frères et soeurs

– Une arrivée tardive à Cajabamba qui nous fera passer une soirée mémorable… On vous raconte!!

« Comme d’habitude, nous nous retrouvons sur la place du marché pour re-remplir les sacoches. Alexine entame la discussion avec 2 femmes pendant que Bastien détaille le vélo à un groupe d’enfants. Nous ne voyons pas le temps passer, il fait nuit. Où dormir quand on ne veut pas aller à l’hôtel? En moins de 5 minutes et sans rien y comprendre, nous nous retrouvons avec l’équipe des vigiles du marché. Pour eux, rien de plus simple, il suffit de s’installer à 20 mètres sur la plaque d’égout, au pied du feu en plein cœur du marché! Avec nos goûts de luxe, nous refusons poliment en prétextant que l’on ne peut pas monter la tente sans herbe! Pas de problème, ils comprennent que nous recherchons un « terreno natural! ». 2ème essai, le parterre de fleurs de la Plaza de Armas (place centrale)… pas beaucoup mieux!

A partir de ce moment-là, le chef prend les choses en main! Il appelle toutes les personnes importantes de la ville afin de nous dégoter ce fameux « terreno natural »… Nous lui donnons un indice en lui parlant d’un éventuel stade. Eureka, il appelle maintenant tous les services de transport de Cajabamba pour nous y escorter. Au bout de 15 minutes, la seule escorte qui’il finira par trouver sera sa mère et son frère dans la Toyota Break familiale… Nous traversons la ville à 5km/h, warnings en action, rien de mieux pour se faire discrets. Dernière frayeur à l’entrée du complexe sportif avec piscine, le gardien n’a pas l’air très bavard, un dernier coup de fil de notre chef qui finit par faire ouvrir la porte. Le vigile crache ses feuilles de Coca et nous accueille avec un grand sourire. 22h, photo finish avec tout le monde, bonne nuit! »

Et encore, nous ne pouvons pas tout vous raconter, mais toutes ces rencontres transforment notre voyage en une magnifique aventure…

Le chef des vigiles du marché!

Le chef des vigiles du marché!

Immersion au coeur des plus hauts sommets Péruviens, où comment se perdre dans la Cordillera Blanca

500 km de trocha, 15 000 mètres de dénivelé, 95% de chemin et le tout à moins de 8km/h (ça fait une excuse pour pas écrire sur le blog!), voila comment se résument nos 15 derniers jours…

Théolou dans la trocha

Théolou sur la trocha

A chaque jour une vallée différente, 20km de montée pour 20km de descente et entre 1400 et 2000 mètres de D+. Nous pouvons nous retrouver à midi à 4000 mètres et dormir à 1500 mètres, magique mais éprouvant pour nous et Théolou…

Nous prenons bel et bien conscience de l’ampleur des Andes et de tous ses massifs. La route nous imprègne tous les jours de sa poussière, sa beauté et de la vie qui règne si loin de tout. En effet, les personnes qui peuplent ces montagnes sont regroupées dans de minuscules villages pour vivre en autonomie avec la production locale de chacun. De toute façon, les accès sont tellement difficiles et les villages tellement reculés qu’il n’y a qu’un seul camion qui passe chaque semaine pour ravitailler les tiendas (magasins). La vallée de Conchucos est à plus de 400 km d’une route asphaltée. En Europe, ces distances pourraient se réaliser en 4 heures, ici, il faut 4 jours de montagne… Ces camions sont les seuls véhicules que nous croisons sur ces chemins, il nous est d’ailleurs arrivé de dormir plusieurs fois dans les nombreuses épingles (seul coin plat) et de ne voir aucune voiture nous éclairer de ses phares…

Cordillera Blanca

Cordillera Blanca

Vous pouvez donc facilement vous imaginer qu’ici, les habitants n’ont pas souvent vu de voyageurs, à vélo, et encore moins en tandem, ce qui peut être oppressant de temps en temps quand on nous observe pendant le déjeuner, ou que les enfants nous suivent à travers les étalages d’un magasin.

A l’inverse, nous sommes régulièrement émerveillés par un sourire, des fruits, un fromage ou encore du pain offerts par les locaux. Nous avons aussi eu la chance de tomber par hasard sur des sources naturelles d’eau chaude, un régal pour se détendre en fin de journée.

Ici, impossible de trouver une carte, nous demandons donc notre route à chaque village (car bien souvent ils ne savent pas ce qui se passe à plus de 20 km de chez eux). Notre astuce maintenant est de demander notre chemin dans les petites agences de transport. Avec ces bonnes indications, nous sommes arrivés à Pomabamba, ville au milieu de la Cordillera Blanca, où nous nous reposons 2 jours avant de continuer notre route à travers cette magnifique chaine de montagnes en direction de Huari puis Huanuco.

Pomabamba

Pomabamba

* Le Gringo, balancé à tout va, où que l’on soit, peut être déstabilisant, péjoratif comme amical. Il signifie aussi bien étranger que peau blanche, il peut être énervant après une dure journée de poussière, ou amusant quand il est dit avec un large sourire sans dent! En tous cas, nous avons la chance d’avoir de beaux yeux bleus gringos et cheveux blonds gringas!

P.S: Petite anecdote pour gagner quelques « Nuevo Sol » au Pérou, vous pouvez revendre vos sacs plastiques (distribués à tout va) dans ces minuscules magasins, le bon plan!

4 réflexions sur “Le Pérou à vélo: Prise de conscience de l’immensité des Andes

  1. Ouah !! Quelle aventure extraordinaire.
    Nous attendions la suite votre aventure depuis maintenant un mois.
    Cela fait plaisir de vous voir profiter de ce voyage exceptionnel.
    A bientôt.

    Anne-Marie et Stéphane

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  2. Pingback: Bilan PEROU | Tand'un Rêve

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