Le Chili à vélo: En route sur la Carretera Austral

VILLA SANTA LUCIA (CHILE)-EL CALAFATE (ARGENTINA): 26/12/15 au 26/01/16

Nord de la Carretera Austral

Enfin un panneau routier nous indique notre entrée sur la route 7. Comme prévu, les premières gouttes l’accompagnent. Le temps de refaire le plein de riz et d’avoine, et nous voila sous un beau crachin breton qui durera près de 5 jours d’affilée. La végétation y est luxuriante, les feuilles de Nalca, rhubarbe chilienne, dépassent le m². Nous prenons l’habitude de les déguster avec du sel. Une bonne source d’énergie. Les arbres, (le plus souvent Lenga) dépassent 40m de haut, ce qui laisse la place aux différentes mousses et champignons (moisissures) de recouvrir le sol.

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Feuilles de Nalca

 

Dès qu’on lève la tête, sommets rocheux enneigés et glaciers se déversent dans de nombreux lacs laissant glisser dans l’eau d’énormes glaçons. Ici la végétation abonde et nous remet à notre place de terrien, on se sent vraiment tout petit… Sous cette pluie qui imbibe tous nos vêtements, nos sacoches, nous errons d’abri en abri. Nous dormons un soir avec les rats, un autre avec les souris, qui eux aussi cherchent un endroit sec. Nous finirons par abandonner notre lutte contre le froid et la pluie dans un campamento désert (abri pour les hommes de la DDE locale).

Nous passons 2 jours dans un container de 10m² sous le bruit sourd et incessant de la pluie. Pour seule occupation, nous nous essayons à la cuisine de l’avoine sous toutes ces formes!!

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Campamento

 

Mercredi 30, on entrouvre la lourde porte de tôle. Une lumière si pure illumine notre abri de fortune, le soleil est là! Ni une ni deux, nous remontons en selle. Les couleurs sont riches d’intensité: le vert des plantes est devenu fluo, le bleu du ciel est calypso, l’eau des rios et cascades brille de milles éclats, même la piste habituellement d’un gris lourd fait aujourd’hui disparaître ses cailloux pour laisser place à nos roues.

Nous profitons de la venue du soleil pour nous offrir le luxe d’un bateau-taxi entre Puerto Raul Marin et Puerto Cisnes. 10h de navigation entre fjords, passages étroits, îles et pleine mer, où nous aurons la chance d’apercevoir loutres, dauphins, et même le privilège d’admirer une baleine venue faire la cour à notre vaisseau d’acier…

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Une journée entre Fjords et Océan

 

Mais au fait, c’est quoi la Carretera Austral?

La Carretera Austral, où plutôt Carretera General Augusto Pinochet (elle porte ce nom jusqu’en 1989) a été un grand projet lancé par le Général du même nom dans les années 1970 afin de rallier les quelques villages Chiliens de ces régions (Aysen et Région des lacs) par voie terrestre, sans se voir obligé de passer les frontières d’Argentine. Commencée en 1976 à Puerto Montt, elle vit la fin dans les années 2000 à Villa O’Higgins, soit près de 1240km plus au sud. O’Higgins reste encore au jour d’aujourd’hui un village sans issue, seul un sentier pédestre permet d’en sortir.

Avec encore peu de parties asphaltées, elle garde un côté sauvage et un charme inhabituel. A découvrir rapidement!!

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Sous la pluie!

 

Le Sud: A la recherche du trésor de Laetivid

« Nous avons trouvé cette carte sur la route, mais comme nous y sommes déja passés, nous n’allons pas faire demi-tour… Nous vous confions donc la mission d’aller récupérer le trésor de Laetivid, célèbre pirate Patagon. On vous embrasse, David et Laetitia »

Voila ce que nous retrouvons, mot pour mot dans notre boite mail, accompagné d’un carte. La deuxième partie de cette Carretera s’annonce mystérieuse…

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Parchemin de Laetivid

 

Pour faire face à cette énigme, nous faisons venir de France Nico, plus connu sous le nom de Nicolas Barabeau, afin de venir à bout de cette mission.

Sans plus attendre, nous commençons par prendre des renseignements et dormir à la police de Coyhaique/Balmaceda. Le lendemain, nous faisons le point sur nos affaires, Nico en laisse une partie sur place et en charge une partie sur Théolou. Avec tout ça, Laetivid n’a qu’à bien se tenir!!

Nous enchainons les kilomètres, le temps nous est compté… Nous croisons beaucoup d’autres cyclos qui nous donnent de précieuses informations. Nous prenons un bateau pour explorer les Capillas de Marmol, étrange endroit fait de cavernes de marbre érodées par les eaux turquoises du Lago General Carrera. Nous poursuivons jusqu’à la confluence des Rios Baker et Neff, endroit incroyable de part le volume d’eau qui s’y écoule. Même un pirate de renom n’aurait pas osé venir se perdre en ce lieu…

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Capillas de Marmol

 

Toujours rien, nous poursuivons pour une ultime étape de quasiment 100km, mais, trop épuisés, nous nous arrêtons à 200m en contrebas d’où sommeille le trésor…

Dès l’aube, nous fonçons, grimpons les derniers mètres au pas de course. Après plus de 30 minutes à avoir retourné toutes les racines des arbres alentours, nous mettons enfin la main sur ce trésor et rendons ainsi hommage à Laetivid. Au final, 2 paquets de biscuits introuvables ici et surtout une lettre inédite écrite de sa plus belle plume… MERCI LES AMIS!!!

Ici la route se finit (demi-tour ou bien on pousse)…

Nous reprenons la route, heureux d’avoir accompli notre mission et d’avoir refait le plein de gâteaux, en direction de O’Higgins, là où la route se termine. La seule solution pour poursuivre est de prendre 2 bateaux, qui sont séparés par 22km de piste dont 6km de sentier, qui se font uniquement à pied.

Après avoir tout entendu sur la qualité de ces 6km de single track, Théolou se fait une joie de se laisser pousser dans ces fôrets parmi des arbres centenaires, pendant que nous transpirons à grosses gouttes, les pieds dans la boue…

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Le fameux Single Track

 

Ultime traversée en bateau de 30 minutes avec vue sur le Fitz Roy, magistral, et nous voila à nouveau en Argentine, à El Chalten, où nous retrouvons avec émotion nos amis Annéciens Mylène et Vincent. Merci pour ces bons moments et bonne route à vous! Pour nous, le sprint n’est pas fini, plus que 3 jours pour ramener Nico à l’aéroport d’El Calafate. Ensuite, direction le fameux glacier Perito Moreno, où vous découvrez comment rentrer gratos…

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