La Chine à vélo: Etonnamment curieux, aussi surprenant que déroutant

BOTEN-SHANGRI-LA: Du 09/03/17 au 09/04/17

Du ciment et du parpaing

La Chine, on en a tous entendu parler, on a même l’impression de la côtoyer tous les jours, mais c’est un pays qui reste totalement mystérieux, impossible de s’en faire une image précise. Pour nous, le premier aperçu est un vaste chantier, un balai incessant de tracteurs, pelleteuses, camions, qui travaillent 24h/24 pour construire un poste-frontière et surtout envahir la partie Nord-Laos par toutes ses infrastructures. D’ailleurs, le Nord du Laos aurait été monnayé pour satisfaire la folie des grandeurs Chinoise. Niveau poussière et bruit, la suite de notre périple Chinois ne nous aura pas déçu. Le pays est continuellement et entièrement en travaux. On y construit tout à base de ciment et de parpaings, les maisons sont toutes les mêmes, en ville, en campagne, en montagne. De simples blocs de bétons de 3 étages, sans fenêtre ni peinture, et on y vit à même le sol avec le sourire… obligatoire… Des autoroutes, des ponts de 20 mètres de haut, des rues, des 8 voies dans les villages, tout est en construction, mais la plupart sont déjà en décomposition, avant même d’avoir vu le jour.

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Des dizaines d’immeubles en construction, qui ne seront jamais finis

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Nous avons attaqué la Chine par 100 km d’autoroute démente dont au moins 95km en travaux. Nous aurons traversé une quinzaine de tunnels dont certains de plus de 5 km, dans le noir complet, où les camions qui doublent à grands coups de klaxon lèvent une poussière si dense que toute frontale est inefficace. Autant vous dire que quand on ressort de ces souterrains, nos visages apeurés sont marqués à l’image des mineurs de charbon…

Un paysage façonné à la main de l’homme

Nous avons rapidement bifurqué sur une route inexistante à notre carte, pour découvrir la région du Yunnan. On s’attendait à des campagnes désertes, à l’inverse, nous y avons trouvé une vraie fourmilière. Tout le monde s’active, on a beau être en montagne, celle-ci est complètement exploitée à la main. Dans le fond des vallées, des milliers de bananiers, et en hauteur, des cultures en terrasses remplies de thé et de différents légumes, de quoi être autonome une bonne partie de l’année. Les terrasses les plus majestueuses sont sans doute celles du Jiantshu. Des rizières (classées au patrimoine mondial de l’UNESCO) reliées par des ingénieux systèmes de canaux d’irrigation ont été mises en place sur des flancs entiers de montagnes s’élevant à plus de 2500 mètres d’altitude. La folie Chinoise est à un tel point qu’ils n’y ont même pas laissé un seul accès à pied. Le seul moyen de planter, récolter, entretenir ces rizières : une simple fourche, des mains et un dos en béton, à l’instar de leurs constructions!

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Culture du thé

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Rizières en terrasse s’élevant sur des centaines de mètres de hauteur

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Village

Ces paysages sont impressionnants, nous passons chaque jour des bananiers aux cultures de riz, en passant par le thé, le chou (chinois !), les fèves, de quoi re-remplir les sacoches à chaque étage ! Le seul problème avec les bananiers, c’est sans doute les sacs plastiques et polystyrène, glissés sur les régimes (pour plus de rendement), qui génèrent des tonnes de plastique que l’on retrouve à plus de 2000km de là… Nous sommes chaque jour étonnés par la saleté du pays, mais surtout par la non-éducation des  Chinois en matière de déchets. Il est coutume de balayer toute la journée, et de prendre ses 5 minutes de pause journalière et d’en profiter pour laisser les restes de son repas, cannettes, sac plastique et sachet de noodles sur le trottoir. Le comportement des Chinois, aussi bien du gouvernement que de ses habitants nous inquiète réellement quant à l’avenir de notre planète. Le problème écologique n’est que très peu abordé en France mais il est complètement passé sous silence dans un pays qui gère des ressources naturelles incroyables dont l’entière disponibilité des réserves d’eau de toute l’Asie.

Nous continuerons notre route vers le Nord, le temps d’un saut à Kunming, ville de petite taille pour la Chine mais qui est trois fois plus grande que Paris intra-muros. Nous y dégoterons un seul pneu pour Théolou, toute la production a sans doute dû être envoyée en Europe… Pendant que Bastien tente une énième fois sa chance pour trouver un plateau 4 branches en 44D, Alexine court se mettre du rouge à lèvres dans un magasin de beauté, petit plaisir qu’elle s’accordera pour la première fois en 2 ans. Peut-être était-ce aussi une façon de fêter nos 30 000km…

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Les 30 000!!

Les contreforts de l’Himalaya

Nous quittons rapidement cette mégalopole pour nous diriger vers les contreforts de l’Himalaya. Nous retrouvons enfin l’énergie envoutante des montagnes, celles que l’on aime, qui nous font rêver, mais qui nous rendent aussi la vie dure. Comme à notre habitude, nous partons sur de petites routes, qui se transforment bien évidemment en pistes. A chaque vallée des villages différents, à chaque passage de cols, les architectures des maisons changent. Les Chinois, bien que toujours aussi inattendus s’ouvrent plus à nous, quoique c’est sûrement notre comportement qui se façonne aux courbes des montagnes. Etrangement, nous nous sommes toujours sentis bien mieux dans des endroits où la température ne dépasse pas les 5°C en pleine journée, et où le vent nous tinte le visage…

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Li Xian Mei nous a accueilli à bras ouverts

Nous nous ferons accueillir 2 soirs de suite, nous partagerons repas à base de gras et de riz autour d’un poêle dans une simple pièce , et nous y reverrons toute notre éducation : on se racle bien fort la gorge avant de manger et on crache par terre autour du poêle pour montrer qu’on est contents d’être là, on y jette les os de poulet et les pipas par terre. On va tous aux toilettes dans la cour, main dans la main, la douche, on oublie, il fait déjà 0°C dehors, et la seule eau chaude qu’il y a ici, c’est celle que l’on fait bouillir pour boire. Les photos sont de rigueur, mais pas celles de groupe, on nous mitraille de centaines de photos toute la soirée, sans rien nous demander bien sûr. Enfin, le moment de repos arrive, on se couche mais dans des chambres séparées, encore une question de culture !

C’est de cette façon-là que nous reprenons des forces pour atteindre nos premiers cols d’Asie à plus de 4000 mètres. 3 jours de montée dont 2 sous la pluie, le froid, là où l’altitude n’arrange rien. Cependant les premiers moulins à prières et les drapeaux Tibétains colorent les sommets à plus de 6000 mètres ainsi que nos plus beaux rêves, nous sommes bel et bien en train de pédaler sur le plateau Tibétain…

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Drapeaux de prières

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Pagodes Blanches représentant chacune un évènement de la vie de Bouddha

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Pause déjeuner dans un abribus

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Bastien et Théolou, tellement heureux de retrouver la montagne

Mais comme la liberté a toujours un prix, retour dans une ville, Shangri-la, pour un peu d’administratif, 8 longs jours d’attente pour obtenir une extension de notre visa d’un mois supplémentaire en Chine…

Plus de photos de la Chine ici

8 réflexions sur “La Chine à vélo: Etonnamment curieux, aussi surprenant que déroutant

  1. Bravo et merci de nous faire partager tous vos moments fabuleux, vos superbes photos, et vos impressions qui nous font toujours autant rêver.
    Très joyeux anniversaire Alexine. Plein de bisous à vous.

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